« Notre pays est caractérisé par un défaut d’hygiène global » dixit le Président de la République Macky Sall. Tel un leitmotiv venant de la plus haute personnalité du pays ; le probl&am
En effet, les pressions subies par l’environnement ont considérablement augmenté en gravité. A titre d’exemple, l’insalubrité observée dans les villes sénégalaises est arrivée à un point tel que les mesures prises par les dirigeants et spécialistes se sont révélées insignifiantes au regard de l’ampleur des problèmes posés. Partout dans les villes, le constat est le même : amoncellement de déchets aux allures de « chapelet » en bordure des zones urbaines , détritus aux abords des conteneurs à déchets offrant un spectacle de décharges sauvages, des canalisations bloquées, des eaux usées domestiques déversées sans aucun souci d’entretien de la propreté du cadre de vie et de la santé des communautés qui y vivent. Malgré la profusion d’idées, de campagnes de sensibilisation, de décisions qui y sont versées tous les jours, certains « fatalistes » considèrent que la question est arrivée à un point de non-retour, devenant du coup insoluble.
En dépit des « efforts » consentis depuis plus de 50 ans par les autorités à travers leurs politiques environnementales, les problèmes d’assainissement demeurent. Différentes approches ont été préconisées et expérimentées sans que celles-ci ne puissent donner les résultats escomptés. Quelles explications valables donner à cela, car la majorité des populations et des responsables municipaux se demandent toujours ce qu’il faut faire et comment le faire ?
L’insalubrité constitue un fait de société prioritaire souvent très fortement négligé d’une part par les autorités locales et d’autre part par les ménages. On entend même parfois certaines considérations comme « tilim réyul nit ku ñul » . Or, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé [OMS] l’insalubrité de l’environnement tue chaque année trois millions d’enfants dans le monde sans compter les nombreux dégâts sur le plan environnemental (caractère non esthétique de l’espace urbain, odeurs méphitiques, intoxication des animaux, pollution du sol, etc.).
Au Sénégal le problème de l’insalubrité n’est pas seulement financier ou technique mais plutôt un problème d’ordre sociologique. Ce dernier constitue un aspect important souvent exclu par les autorités en charge de l’environnement dans leur politique environnementale et qui représente le talon d’Achille de toutes stratégies de protection de l’environnement : l’approche socioculturelle. Combien de milliards sont injectés chaque année dans le secteur par les autorités étatiques ? Combien d’organisations sont créées pour intervenir dans le secteur ? Combien de plans, de programmes ont été rédigés pour venir à bout des problèmes d’insalubrité ? On ne saurait les lister dans le cadre de cet exercice.
Beaucoup de capitales africaines à l’instar de Kigali dont le budget est moins élevé que celui de Dakar, parviennent à des choses concrètes pour améliorer la qualité de leur environnement. Plus que des moyens financiers, la différence entre ces deux capitales réside dans l'engagement inégal de leurs citoyens dans les actions pour un environnement sain et épanouissant.
Par contre au Sénégal, il nous faut un Etat fort qui ne s’attarde pas sur les sentiments des uns et des autres. Je suis inquiet quand j’entends le Président dire que « tout le monde veut des changements mais quand on amorce des ruptures, il y a des résistances ». Président, je vous prie de faire fi des préoccupations individuelles et s’atteler à la cause collective, le Sénégal vous en sera redevable.
Il faut revoir tous nos textes relatifs à l’environnement. Sinon à quoi nous servent les différents codes sur l’environnement, l’hygiène si les sanctions annoncées en cas d’atteinte à l’environnement ne sont pas appliquées. Il faut en plus des mesures incitatives de civisme, appliquer des mesures dissuasives avec une police de l’hygiène digne de son nom face à l’indiscipline affichée de nos concitoyens par rapport au cadre de vie. On a beau sensibilisé, donné des leçons de civisme dans les écoles mais rien n’a changé dans les comportements des populations. Il ne reste qu’à mettre au pas tous les citoyens avec des sanctions exemplaires pour la bonne marche de ce secteur.
Je ne me lasserai pas de citer le Rwanda où depuis six ans, l'utilisation et la vente de sacs en plastique est formellement interdite. Qu'à cela ne tienne, les contrebandiers rivalisent d'inventivité pour les réintroduire dans le pays. A leurs risques et périls, car la loi rwandaise est stricte : depuis 2008, le trafic de sacs plastiques est passible de prison. Au Sénégal où est ce qu’on en est avec ce type de déchet ?
Changeons nos comportements et le Sénégal changera !!!
Babacar Diouf, doctorant en Géographie UCAD. babakr16@yahoo.fr